Reamenagement du Nouveau Quai / Thessalonique

Le Nouveau Quai de Thessalonique est un site linéaire, d'une largeur restreinte et d'une longueur de 3.5 kilomètres. Un constat qui traduit exactement le caractère singulier du front de mer, ruban qui se déploie sur la frontière fragile et emblématique entre la terre ferme et la mer, entre le paysage artificiel et naturel. L'intervention indissociable de la substance naturelle, de la présence de l'eau, de la fugitivité des phénomènes naturels, en prend les couleurs, n'existe que parce qu'elle s' y confond. Elle ne peut en aucun cas en devenir la rivale, mais seulement tirer de cette confrontation un peu de la fascination constante que procurent le ciel et la mer.

C'est pour ces raisons que l'idée fondatrice de la proposition se base sur la préservation du caractère unitaire et familier du lieu et sur la permanence de sa linéarité.

Parcours linéaire - chambres vertes et interventions ponctuelles.

Le site du Nouveau Quai de Thessalonique met en avant deux éléments forts, la promenade le long de la mer et les chambres vertes. Ils constituent les paramètres fondamentaux de la proposition.

La promenade à la frontière de la terre et de la mer, l'allée piétonne linéaire et continue, le champ de vision ouvert et sans obstacle, le sentiment de l'infini avec la présence constante de l'eau, la ligne d'horizon qui parfois sépare le ciel et la mer ou parfois les confond.

La promenade est un espace unitaire jusque dans le choix des matériaux (béton désactivé). La piste cyclable y est rendue lisible par un marquage au sol et des points lumineux. La seule variante est introduite à la lisière du quai, où la frontière avec l'eau est soulignée par un sol en bois. La plateforme en bois est un lieu idéal pour la promenade, sans rupture ni obstacle. Le piéton y jouit de la lumière, de l'ouverture, dans un espace exceptionnel à la frontière avec l'eau. A la lisière des jardins, le mail procure l’ombre indispensable pour se promener et s’asseoir les jours d’été, les pins évoquent la mémoire du bord de mer d’autrefois. Depuis la mer ils contribuent à donner une image unitaire à la façade maritime.

Les chambres vertes, ouvertes sur la mer, intimistes, protégées d'un filtre, métaphore urbaine de la campagne grecque ou plus structurées, forêt et végétation de sous- bois, paysage aquatique, se succèdent de façon thématique. Les méandres d’un parcours fragmenté, ponctué d’estaminets, les traversent et les relient. Elles sont parfois l’occasion de nouveaux usages ( espaces pour des petits concerts et expositions de plein air), elles constituent un lieu qui peut exister jour et nuit et être aussi un outil culturel de plein air. Leurs limites latérales sont définies par le prolongement des axes urbains majeurs, perpendiculaires au quai. Ces allées intermédiaires bordées de platanes constituent l’articulation du tracé urbain actuel avec le quai, créant ainsi autant de visuels depuis la ville vers la mer et l’horizon. Mouvement de terrain, utilisation des végétaux ou clôture, contribuent par endroits à atténuer les nuisances causées par la présence du boulevard qui longe le nouveau quai, tout en essayant de l’intégrer à la scénographie du paysage, en ménageant des vues vers la mer par delà les jardins.

La rive

La linéarité, la continuité, l'ouverture sur l’horizon que constituent les atouts majeurs du Nouveau Quai sont accentués par la plateforme en bois à la lisière de l'eau.

Le Quai est un site idéal pour se promener, sans obstacles ni ruptures. Le «promeneur» jouit de la lumière, de l'ouverture sur le paysage maritime, en parcourant un cheminement ininterrompu sur cette ligne singulière à la limite de deux éléments contrastants : la fermeté du sol compact – la mobilité et la clarté de la mer.

Le sol du Nouveau Quai, de la Tour Blanche jusqu’au Palais de la Musique est traité de manière unitaire, sans hiérarchies ni variations sur toute sa largeur. Le sol dur préexistant a été remplacé sur tout le linéaire du quai, par un béton désactivé. Ce traitement se différencie seulement à la lisière où le Quai rencontre l’eau. L’usage d'un sol en bois bangkirai tente de qualifier cette frontière entre la terre et la mer.

De l'autre côté, il existe une autre alternative de se promener à l'ombre. Ce cheminement où des bancs sont installés parmi les arbres, est très agréable les mois d’été et très apprécié des gens âgés. L’allée d'arbres fonctionne comme une limite – un filtre entre les deux composants distincts du Quai : le quai et les espaces verts. Elle constitue une allée bordée d'arbres et contribue à créer l'image unitaire d'une façade maritime.

Le jardin d’Alexandre

L'espace situé autour de la statue d’Alexandre le Grand est traversé aujourd’hui par le prolongement d'un l’axe qui dramatise la présence de la statue. Il est bordé par la rue d’Alexandre le Grand et composé de trois petits parcs qui sont organisés de façon diverse, engazonnés, plantés d'arbres dispersés et bordés d’un massif de buissons.

Le projet prévoit le réaménagement de ces trois parcs dans une logique identique afin d'annuler le phénomène de morcellement, la suppression de la limite générée par la clôture des massifs plantés et le renforcement des plantations existantes. Ces interventions contribuent à en confirmer l'appropriation ou le confort, face aux facteurs climatiques et aux qualités singulières d'ouverture sur l'horizon.

L’axe qui aboutit à la statue d’Alexandre est matérialisé par un sol dur sur lequel sont disposés suivant une trame, 33 jets d’eau. Le cours léger de l’eau et le son continu qu'il procure, créé une atmosphère particulière. Ce nouvel aménagement constitue une mise en scène de la statue d’Alexandre, qui représente un point de référence sur la promenade du Nouveau Quai.

Le jardin du soleil couchant

Il s’agit d’un jardin de forme triangulaire, en pente douce orienté vers l'ouest et le soleil couchant. Il se situe entre l’hôtel Makedonia Pallas et l’ancienne Usine Electrique. Le pan incliné qui démarre à la limite avec le quai, est constitué d'un sol végétal. L'ascension s'effectue par un cheminement en pente douce, une ligne brisée bordée par un système de bancs, éléments linéaires qui émergent du sol et qui matérialisent le parcours. Les deux côtes du triangle qui font face à la rue Alexandre le Grand à l'hôtel Makedonia Pallas, sont constituées de murs inclinés, en gabions. A l'endroit où le pan incliné rencontre le quai un petit kiosque est implanté.

La création de ce glacis artificiel procure un point de vue imprenable vers la mer et le port et constitue un lieu singulier et privilégié l’après-midi quand le soleil se couche. En fin, visuellement la géométrie de ce jardin répond à la présence volumétrique forte de l’hôtel et diminue son impact sur le front maritime.

Le jardin des sables

Le jardin des sables est réalisé sur l’espace où précédemment existait une aire d'apprentissage à la conduite, réservée aux enfants. Sur cette séquence qui simule à échelle réduite un système de voirie qui est préservé, l'intervention se caractérise par une densification du végétal et par un nouveau traitement des sols durs. Dans l’autre partie, deux cours de tennis sont réalisés, ainsi qu'une vaste surface de sable où sont implantés les jeux d'enfants. Un kiosque à l'intersection des deux espaces y marque un point d’arrêt. Les massifs d'arbustes à la lisière avec le quai qui précédemment isolaient le parc sont supprimés afin de regagner l'ouverture vers la mer et l'horizon.

Le jardin des saisons

Le jardin des saisons est une réinterprétation urbaine de la prairie naturelle et de la végétation sauvage que l'on retrouve dans le paysage Grec. Les particularités du climat créent une exceptionnelle variété des biotopes – fleurs des champs, plantes aromatiques, plantes locales rares qui sont ignorés par les habitants des villes. Un jardin urbain qui réintroduit ce type de végétation tente de rétablir cette relation. Les plantations dans le jardin sont conçues sans aucun agencement particulier de façon à produire une variété de couleurs et une combinaison de plantes aléatoire et diversifiée. Sur la pente d’une colline artificielle est crée un amphithéâtre.

Le sens de l'éphémère et du changement, le cycle végétal comme cycle de vie, deviennent un principe pour la conception de ce jardin, qui n’est volontairement pas issu d'une volonté structurelle maitrisée, mais qui se réfère plutôt aux sens.

Le jardin Odysseas Fokas

Le parc Odysseas Fokas est un des espaces verts existants du Nouveau Quai très bien préservé et très fréquenté. C'est pour cela que dans ce lieu, l’organisation spatiale a été préservée. Cependant, les cours de tennis existants qui occupaient une surface importante, ont été replacé dans jardin des sables, afin d'accroitre et de développer cet espace qui devient uniquement une aire réservée aux enfants. A la limite du boulevard, Il est créé un mur en gabions dont les segments suivent des inclinaisons différentes et qui isole le jardin des nuisances du boulevard tout en ménageant des ouvertures.

Le jardin Méditerranéen

Le parc qui existe aujourd'hui possède quelques arbres intéressants. La végétation existante est renforcée et complétée par la plantation d’oliviers et de plantes aromatiques ou issues de la flore méditerranée. L'esprit du jardin est préservé, le tracé des cheminements existants conservé et traité de façon unitaire avec un sol stabilisé. L'organisation spatiale est complétée par la création de placettes où sont disposés des bancs. De plus, il est prévu un espace clos spécifiquement réservé aux animaux familiers. Sur le parcours qui traverse les différents jardins, on trouve des points d'arrêt, des ponctuations, la buvette qui se situe dans le jardin méditerranéen est l'une d'entre elles.

Le jardin des sculptures

Le jardin des sculptures se situe en face du Musée Folklorique, dans un lieu où précédemment existait un parking. Il s’agit d’un lieu clos, limité sur trois cotés par un mur percé, la quatrième limite s'ouvre sur la mer. Il est prévu pour héberger de grandes sculptures modernes dans un temps limité. Il constitue un lieu dans la ville où l’art et l’espace public tente de coexister. Les œuvres d’art sont exposées et en même temps participent à l’aménagement de l’espace public. Elles sont incorporées à l’espace public, elles sont disposées à même le sol, sans emphase, sans socle. Il se crée tout un jeu avec le ciel, les ombres ou la lumière naturelle, qui serait différent si on les imaginait dans le contexte d'un Musée ou d'une salle d’expositions.

Le lieu, bien qu’il reçoit des œuvres d’art contemporaines et ne peut exister qu'à travers elles, à pour vocation d'annuler les distances mais aussi les interdictions que génère un musée avec les œuvres d'art. Elles sont présentes, le visiteur peut déambuler parmi elles, les observer ou les ignorer, les toucher.

Dans le jardin, les arbres existants qui sont pour la plupart des peupliers, ont été conservé, de nouveaux arbres ont été plantés. L'atmosphère du jardin se complait des contrastes forts, des arbres choisis pour leur ombre dense, des alternances de texture du sol. Le mur blanc fonctionne comme un écran où se détachent les sculptures, les troncs ou les ombres. La grande étendue d’eau joue avec le reflet des formes.

Le jardin du son

Le jardin du son se caractérise par une forêt d'arbres de hautes tiges, qui sont plantés suivant une trame, sur un sol végétal. Cette forêt organisée ne dissimule jamais la vue vers la mer. A deux endroits sont implantées deux pergolas, deux espaces introvertis et calmes qui contrastent par leur traitement minéral et stable, avec un environnement changeant qui suit la marche du temps et le rythme des saisons. Le jardin est délimité d'un coté par un canal d’eau parallèle au bord de la mer. Du coté opposé sont plantés de manière linéaire des roseaux qui, soumis au moindre souffle de vent ou au déplacement d'air provoqué par le trafic des voitures, bougent et produisent un son particulier. Le long du parcours qui traverse le jardin, sont placés des jeux qui ont un rapport avec la son ou la musique.

Le jardin des roses

Ce jardin est structuré comme un laboratoire éducatif concernant les plantes d'ornement, leur entretien, leur cycle de vie. Il constitue un cadre idéal pour les excursions scolaires. A l’intérieur du jardin se trouvent une aire d’enfants avec des jeux spécifiques et même adaptés aux handicapés ainsi qu'un kiosque. Le jardin des roses combine l’introversion et la transparence grâce au filtre créé par la structure en bois à son périmètre.

Le jardin de la mémoire

A cette séquence du Nouveau Quai, le jardin de la mémoire fait référence à la ville oubliée, révèle un segment de l'ancienne limite entre la terre et la mer par la matérialisation d'une percée sur le front de la mer vers l’édifice de la Banque Nationale. Le jardin de la mémoire est par essence un espace vide, une « fracture » relative au passé de la ville. La perspective est accentuée par deux éléments : la plantation de deux alignements d'arbres en bordure du jardin, qui dramatisent la relation avec le bâtiment de la Banque Nationale, l'idée d'ouverture ou de fracture et le sol dur uniforme avec ses parterres de végétation basse disposés suivant une trame régulière.

La structure du jardin évoque, dans un deuxième temps, les nuances légères de la mémoire, qui ne sont pas composées simplement des images, mais aussi des sensations diverses comme les sons ou les parfums. Les parterres du jardin de la mémoire contiennent tous, une variété chaque fois différente de plantes aromatiques, (origan, thym, menthe, romarin, marjolaine, lavande), ils évoquent grâce aux phénomènes de la mémoire, des paysages ou des aromes oubliés.

Le jardin de l’eau

Dans ce jardin, l’eau est l’élément principal qui organise et compose l’atmosphère générale. Les bassins se trouvent 80cm plus bas que le niveau du Quai. Le long du jardin, à la limite avec le Quai, une pergola en bois crée une zone d'ombre et devient une espace idéal pour des expositions de plein air. Dans les plans d’eau on peut suivre le cycle des espèces hydrophiles (nénuphars, iris et roseaux). Un mur d'eau se développe sur tout le linéaire du jardin, à la limite avec le boulevard et le bruit de sa chute en attenue les nuisances. Un kiosque se situe entre les plans d'eau et les pistes de skateboard. La présence permanente de l’eau crée une atmosphère agréable et fraîche, particulièrement les jours d’été.

Le jardin de la musique

Le jardin de la musique se situe dans un espace triangulaire à cote du Palais de la Musique. Sur le pourtour d'une clairière triangulaire, des alignements d'arbres organisés sur un sol dur créent des allées ombragées à la limite du jardin. Au centre, sont disposées trois plateformes en bois de diamètre différents. C'est un espace idéal pour organiser des petits concerts en plein air et les plateformes peuvent être utilisées comme pistes de danse. Le tracé du jardin de la musique s'adapte au virage que prend le Quai à cet endroit. Sa géométrie et son organisation spatiale permettent simultanément de retrouver une relation directe avec le tissu urbain et de prévoir en conséquence, la possibilité d'un aménagement futur du parvis du Palais de la Musique et une continuité pour la partie du Quai qui se situe au delà.

Réaménagement du Nouveau Quai de Thessalonique / Thessalonique
Concours européen
Concour 2001
Maitre d’ouvrage Municipalité de Thessalonique
Etude 2001–2005
Chantier 2006–2014
Etude urbaine-architecturale Prodromos Nikiforidis
Bernard Cuomo
Atelier R. Castro - S. Denissof
Consultants Paraskevi Tarani
Efi Karyoti
Collaborateurs I. Dova
E. Zografou
D. Pavlopoulou
N. Karakosta
N. Mpiskos
S. Nikolakaki
G. Skiadopoulos
T. Valsami
P. Konstantara
Consultant sur l’acoustique (concours) N. Mparkas
Etude statique Iakovos Lavasas
Maria Stefanouri
Collaborateurs P.Zervas
G. Nikolaidis
L. Deda
F. Papapetrou
Etude fluides Dimitris Mpozis
Panagiotis Kikidis et collaborateurs E.P.E.
Gerasimos Kampitsis
Collaborateurs D.Kalofolias
D. Iliadis
A. Fouki
F. Moshopoulou
K. Nteni
A. Savvopoulos
Etude paysagère Iloriki E.E. – Fotis Fasoulas
Collaborateurs A. Zachariadis
C. Karachristos
Etude géotechnique Evaggelos Vassilikos
Consultant T. Papaliagas
Supervision du projet Konstantinis Belibasakis
Maria Zourna
Smaro Theodoridou
Katerina Bletsa
Sevasti Laftsidou
Eleni Fountoulidou
Dimitrios Katirtzoglou
Dimitrios Sotiriadis
Supervision de construction Andreas Spiliopoulos
Dimitris Tzioras
Nikolaos Mourouzidis
Ioanna Karagianni
Spiridoula Paraskeva